Les insectes représentent une véritable nuisance au quotidien pour les chevaux. Cela peut aller d’une simple gêne momentanée à de réelles modifications de leur comportement, en passant par des problèmes de santé (dermite estivale récidivante notamment).
Mais alors comment les chevaux luttent-ils contre ces insectes ?
Ils vont adapter leurs comportements, préférant les zones ombragées ou moins infestées et en étant plus actifs la nuit. Ils vont également rechercher la proximité d’autres équidés pour profiter d’un effet de dilution et se protéger mutuellement en se positionnant tête-bêche, par des mouvements de queue répétés.
L’homme dispose également de moyens plus ou moins efficaces pour les protéger comme les sprays répulsifs, les masques et autres couvertures.
Le zèbre est une autre espèce d’équidé qui est particulièrement exposée aux insectes dans son milieu naturel. Une récente étude publiée en 2019 s’est penchée sur le comportement des taons face au pelage zébré de ces animaux.
Pourquoi des zébrures ?
L’utilité d’une telle évolution est débattue depuis plus d’un siècle et demi au sein de la communauté scientifique. Plusieurs théories ont pu voir le jour depuis, comme la thermorégulation, le camouflage, la confusion des prédateurs, la signalisation des congénères ou encore une protection contre les insectes. Selon les dernières études menées à ce sujet, il semble que seule cette dernière hypothèse soit retenue pour expliquer l’existence de ces rayures. En effet plusieurs travaux ont montré qu’elles permettraient de déjouer les attaques d’insectes piqueurs comme les taons, les mouches piqueuses, mouche tsé-tsé etc… En Afrique où les zèbres vivent, ces insectes transmettent des maladies mortelles. Leur peau fine en fait des cibles de choix et l’existence de rayures pourrait donc constituer un avantage adaptatif pour leur protection contre les nuisibles. Cependant le mécanisme exact qui entre en jeu ici n’est pas encore connu.
Ce que nous apprend cette étude
Dans cette étude les chercheurs ont observé le comportement de taons autours de chevaux de couleur uniforme (blanc, gris, marron et noir) et de zèbres captifs, vivants au même endroit, dans une ferme en Angleterre. Puis dans une deuxième phase, ils ont comparé le comportement de ces mêmes insectes face à différents types de chemises en polyester, uniforme ou zébrée, sur des chevaux.
Dans la première phase de l’étude, le nombre de taons volant autour des zèbres et des chevaux était identique, ainsi que le nombre touchant le pelage de façon très brève (durée < 2sec). En revanche les taons se posaient davantage sur les chevaux que sur les zèbres (durée > 2 sec). Ils ont aussi approché les zèbres plus rapidement que les chevaux.
Les chercheurs ont remarqué que les taons ne semblaient pas réussir à décélérer à l’approche des zèbres, alors que c’était bien le cas avant de toucher ou de se poser sur le pelage des chevaux. Ils se contentaient alors de les heurter, rebondissant sans réussir à se poser.
Les techniques utilisées par les équidés pour faire partir les taons ont également été reportées. On note que la méthode la plus efficace semble être le frémissement de peau (plus fréquent chez les chevaux) et les fouaillements de queue (plus fréquents chez les zèbres). Des comportements de fuite et de tentative de morsure ont été observés seulement chez les zèbres. Etonnamment les auteurs remarquent que tous les comportements réduisent le temps passé par les insectes sur le pelage, excepté pour le fait de se frotter contre un objet.
Dans la deuxième phase de l’étude les auteurs ont placé des chemises sur les chevaux pour une durée de 30 min. Et ont comptabilisé le nombre de taons qui venaient s’y poser. Il y avait une chemise noire, une blanche et une comportant des zébrures irrégulières noires et blanches. La tête n’était pas couverte.
Les taons touchaient et se posaient significativement moins sur la chemise zébrée que sur les deux autres, alors qu’il n’y avait pas de différence pour la tête, non couverte.
Conclusion
Les zébrures empêchent donc les taons de se poser lorsqu’ils sont à proximité des zèbres mais ne les empêchent pas de s’en approcher. Ces derniers utilisent également des techniques comportementales défensives, qui associées à leurs traits morphologiques, semblent être particulièrement efficace puisque très peu de taons ont pu se nourrir de leur sang.
Les chemises zébrées semblent apporter une protection efficace contre ce type d’insectes nuisibles et pourraient être utilisées avec bénéfices, notamment chez les chevaux particulièrement sensibles aux piqûres de taons.
Référence
Caro T, Argueta Y, Briolat ES, Bruggink J, Kasprowsky M, et al. (2019) Benefits of zebra stripes: Behaviour of tabanid flies around zebras and horses. PLOS ONE 14(2): e0210831.
https://doi.org/10.1371/journal.pone.0210831