Hébergement

Mouvement libre : une clé pour améliorer le bien-être du cheval de sport ?

De nombreux chevaux de sport sont hébergés en box individuel, principalement par peur qu’ils ne se blessent et que cela impacte leurs performances. Cependant ce type d’hébergement ne respecte pas leurs besoins naturels, et a donc un impact négatif sur leur bien-être à long terme.   

Une récente étude a pu montrer que des séances de mouvements libres au paddock avaient un impact positif sur le bien-être de chevaux de sport.  

Le box, ce n’est pas pour son bien 

L’hébergement en box individuel en permanence (>20h/jour) empêche le cheval de se déplacer librement, comme il le ferait dans la nature. La privation de ce comportement naturel entraîne souvent, comme chez la plupart des animaux domestiques, un effet rebond lorsqu’ils sont lâchés dans de grands espaces, incluant excitation et locomotion rapide.   

Un tel confinement sur le long terme, serait à l’origine de l’apparition de comportements stéréotypés comme le tic à l’ours ou d’autres stéréotypies locomotrices. Ces derniers résulteraient de la frustration de ne pouvoir sortir. De tels comportements anormaux compromettent le bien-être du cheval et sont associés à des modifications dans les capacités d’apprentissage, ainsi qu’à une déficience attentionnelle. Cela peut conduire, indirectement, à une baisse des performances, problématique pour les chevaux de sport.  

Lorsqu’ils travaillent 1h par jour, les chevaux sortent. Cependant si on leur laisse le choix entre 20min d’exercice contraint ou rester dans leur boxe, ils choisissent la seconde option. En revanche ils vont préférer se rendre dans un paddock, dans lequel ils peuvent se déplacer librement. Ainsi le fait de pouvoir se déplacer librement, au moins à temps partiel, devrait être considéré comme un réel besoin pour le cheval.  

Aussi, le fait de maintenir une activité musculaire après un exercice intense (aussi appelée récupération active) a prouvé son efficacité chez l’homme, avec une réduction du temps de récupération et une amélioration des performances ultérieures. Bien que les techniques de récupération chez le cheval n’aient pas encore été étudiées, on peut penser qu’une récupération active pourrait également bénéficier au cheval, étant donné que les conséquences métaboliques d’un exercice intense sont similaires à celles constatées chez l’homme.  

Ainsi, un mouvement libre régulier pourrait permettre d’améliorer le bien-être du cheval de sport, de réduire son temps de récupération et de maintenir sa condition physique

Ce que nous apprend cette étude 

Les chevaux du groupe expérimental ont été lâchés dans un paddock en sable durant une petite heure 5J/7 pendant 3 semaines, avec eau et foin. Un autre cheval était présent dans un parc adjacent pour limiter le stress d’une séparation sociale. Leurs homologues du groupe contrôle sont quant à eux restés au box.  

Les chevaux qui sortaient au paddock (groupe expérimental), ont manifesté des comportements d’excitation et d’alerte (vigilance, locomotion active, ronflements, souffles, cabrés, ruades) surtout le premier jour. Leur fréquence a rapidement diminué au cours des jours suivant, jusqu’à être quasiment absents après le quatrième jour. Au contraire, les comportements alimentaires étaient rares les premiers jours, mais ont augmenté de façon significative lors des derniers jours de l’étude. Les chevaux se sont donc rapidement habitués à ces nouvelles sorties. La présence de foin a pu être un facteur facilitant dans cette habituation.
D’autre part, les soigneurs n’ont pas indiqué de difficulté à conduire les chevaux au paddock et n’ont pas relevé de blessure ou boiterie lors de leur retour au box.

Afin d’évaluer l’impact de ces sorties sur leur bien-être, les chevaux ont également été observés au box. On note une diminution significative des comportements stéréotypés pour les chevaux du groupe expérimental entre la semaine précédant le début de l’expérience et la dernière semaine de sortie, par rapport aux chevaux du groupe contrôle. Le temps passé avec les oreilles en arrières lors de l’alimentation est également considéré comme un signe d’émotion négative. Ce dernier a diminué considérablement chez les chevaux du groupe expérimental dès la première semaine, et il est significativement inférieur à celui du groupe contrôle lors de la troisième semaine de test. Ces sorties quotidiennes semblent donc avoir un impact positif sur l’état mental du cheval à court terme, mais qu’en est-il à long terme ?

Pour le savoir, les auteurs ont réalisé une seconde étude sur le même principe, avec des sorties au paddock durant une semaine. Une baisse des comportements stéréotypés et du positionnement des oreilles en arrière a également pu être observée. Cependant cet effet est de courte durée puisque les fréquences de ces comportements ont rapidement augmenté la semaine suivant le test, et chose étonnante, l’ont dépassé deux semaines après. Les auteurs parlent de l’existence d’un possible effet rebond lié à la frustration de ne plus pouvoir se déplacer librement. Une augmentation significative des taux d’ocytocine des chevaux du groupe expérimental a aussi été observée durant la phase de sorties, suggérant une possible augmentation des émotions positives chez ces chevaux. 

Conclusion  

Cette étude montre donc que la mise en place de sorties libres pour des chevaux de sport inexpérimentés (n’en ayant jamais fait l’expérience) au paddock, est possible. Ils s’y sont rapidement habitués et cela a eu un effet positif sur leur état mental et leur bien-être. Il s’agit de résultats d’autant plus remarquables que les durées de sortie étaient relativement courtes et que la période de test n’a duré que 3 semaines (14 sorties par cheval d’1h max) lors de la première expérience.
Cela laisse donc entrevoir des perspectives intéressantes pour améliorer le bien-être des chevaux hébergés en box.

Référence

Lesimple, C., Reverchon-Billot, L., Galloux, P., Stomp, M., Boichot, L., Coste, C., Henry, S., Hausberger, M. (2020). Free movement: A key for welfare improvement in sport horses? Applied Animal Behaviour Science, 104972.